Histoire de l'Inde


Histoire de l'Inde

L’invasion des Aryens en Inde

Les Aryens sont un peuple d’origine des montagnes du Caucase et du Tadjikistan ont envahi l’Inde du Nord et l’Iran forçant les Dravidiens, le peuple autochtone à émigrer. Les Aryens abandonnèrent leur style de vie nomade et guerrière pour se mêler aux Dravidiens. Avec eux ils ont amené leur langue, le sanskrit et leurs savoirs et les transmirent aux Dravidiens.

Actuellement en Inde les langues parlées dans le Nord sont des langues d’origines indo-aryennes : hindi, rajasthani, gujarati, marathi, punjabi, bihari, bengali, assamais, oriya, hindoustani. Dans le sud par contre sont parlées des langues d’origine Dravidienne : tamoul, kannada, telugu, malayalam.

Ils vénéraient un fleuve le Sarasvatî lié à la déesse du même nom qui est la déesse des connaissances et des arts mai qui auparavant était aussi la déesse des rivières.
Dans la deuxième période védique, de 950 à 600 avant J-C, les Aryens entrent dans un double processus d’évolution.
· Politique : abandon du stade tribal pour des confédérations.
· Religieux : élaboration de sacrifices cosmiques, répartition de la société en quatre fonctions fondée sur un rapport différent. L’enseignement des Veda cède devant les Upanisads et leur célébration d’une dévotion personnelle.
· Nouvel ordre védique sur un centre : Haryana qui devient la terre sainte de l’hindouisme.
Des clans émergent comme celui des Kurukhs implantés entre le vieux Pendjab et le front pionnier de la vallée du Gange. Dès 8oo avant J-C, les Aryens ont acquis une bonne connaissance de l’Inde et instaurent de grandes entités politiques régionales, les Janapadas qui découpent l’Inde du Nord.
Les Aryens ont aussi créé le système des castes pour établir et maintenir leur supériorité. La Varna(caste) est lié à l’hindouisme et au karma. Chacune des parties du corps social est censée provenir d’une partie du corps de Brahmâ, les brahmanes sortant de la tête du dieu. Ils existaient quatre grandes castes :
· Brahmanes ou intellectuels
· Ksatriyas ou noblesse guerrière
· Vaisya ou les agriculteurs
· Shudra ou les serviteurs et artisans.
Chaque caste à ces cérémonies, rites, professions et couleurs de vêtements. Par exemple, les Brahmanes portent un sari blanc, les Ksatriya un sari rouge…

Puis il y a aussi les Intouchables qui auparavant étaient considérés comme impurs ont maintenant accès à des métiers qui étaient réservés aux plus hautes castes. Depuis la Constitution de 1949, le système des castes est aboli, les tribunaux de castes ont disparu et les citoyens sont égaux. Pourtant le système persiste : on ne reçoit pas les gens d’une autre caste ; on se marie peu entre personnes de castes différentes. Un Indien exclu de sa caste cesse d’être invité aux cérémonies religieuses. Il y a des Brahmanes pauvres et des Intouchables riches.

Ils réintègrent le système du grand commerce maritime avec la Mésopotamie. Ils prennent le contrôle du Deccan. Une nouvelle urbanisation se développe dans la vallée du Gange qui s’achève à la fin du VIIéme avant J-C.

L’expansion perse avec Darios de 550 à 528 avant J-C débouche sur le monde indien apportant en Inde une deuxième écriture : Le Kharosti, dérivé de l’écriture perse.
Dans ce contexte s’élaborent deux réformes de l’hindouisme qui donnent naissance à deux doctrines qui vont structurer l’autre volet de la pensée indienne : renoncement, non-violence, détachement. Le bouddhisme de Sakyamuni (563-470 avant J-C) devient la religion de référence de l’Extrême-Orient alors que le Jaïnisme de Mahavird (540-468 avant J-C) reste indien et minoritaire. La pression exercée par le Indo-Aryens sur le Deccan a favorisé probablement l’émigration des Dravidiens de l’Inde du Sud vers l’Asie du Sud-Est. L’épopée d’Alexandre qui atteint l’Inde du Nord-Ouest en 326 avant J-C ouvre le champ aux conceptualisations politiques unitaires autant qu’aux ambitions individuelles.

Un aventurier, Chandragupta, prend le pouvoir au Maghada dont il fait le noyau du premier empire panindien, celui des Maurya qui vont entreprendre une conquête violente de l’Inde. Kautilya, ministre de Chandragupta compose le traité de l’Arthasasthra vers 300 avant J-C concernant la vie politique, administrative et économique de l’Inde. L’Inde moderne s’affirme avec les Maurya.


Le règne d’Asoka

Le règne d’Asoka (269-232 avant J-C) correspond à l’apogée de l’empire Maurya, le plus riche du monde.

Asoka créa un vaste empire qui s’étendait jusqu’au cap Comorin à la pointe de la péninsule et en longitude de l’Assam à l’Afghanistan inclus. Asoka naquit vers 273 avant J-C dans la caste des Ksatriyas( guerriers.)

Son grand-père Chandragupta régna sur un vaste empire. Il établit une administration sur l’exemple des Perses et la capitale Pataliputra était construite sur le modèle de Persépolis. Il abdiqua en faveur de son fils Bindusara. Chandragupta survit alors les enseignements d’un maître jaïn et se retira avec lui dans un endroit isolé afin de finir ses jours dans le jeûne et la méditation. Son fils, le père d’Asoka, ne resta sur le trône que peu de temps. Lui aussi choisit la vie d’ascète et renonça à la royauté.

Son accession au trône semble avoir posé problème car il n'est couronné que quatre ans après celle-ci. Après un début de règne très autoritaire, frappé d'horreur suite à sa conquête sanglante du Kalinga, sur la côte est de l'Inde - qui correspond aujourd'hui à l'état de l'Orissa - il aide à la diffusion du bouddhisme. Cependant aucune preuve ne peut attester de sa conversion. Il en sera toutefois un fervent propagandiste et enverra des missionnaires aussi loin que l'île de Ceylan, qui sera convertie par sa fille Sanghamita et son fils - ou frère - Mahinda, cités seulement par les chroniques cinghalaises, mais ignorés des inscriptions indiennes qui ne mentionnent que trois de ses fils, Tvara, Kunala et Jalauka.

La partie suivante de son règne connaît une politique officielle de non-violence, l'ahimsa. Il fait alors construire des hôpitaux pour animaux et rénover les routes principales de l'Inde. Il est probablement le grand propagateur du végétarisme dans le pays.

La source de la plupart de notre connaissance sur Asoka sont les nombreuses inscriptions qu'il a fait graver sur des piliers et des rochers dans tout son empire, majoritairement en langue mâgadhî (un prâkrit) dans l'écriture brahmi (et parfois en caractères karoshtî), mais aussi en grec et en araméen ( la langue du Christ.) Outre que ces inscriptions représentent les premières attestations de la notation par écrit d'une langue indienne et que cette même écriture donnera naissance à tous les semi-syllabaires présents actuellement sur le sol indien (comme la devanagari), elles ont favorisé la propagation de l'éthique bouddhiste et ont encouragé la non-violence et l'adhésion à la doctrine du dharma, le devoir ou comportement juste.

Asoka privilégiait la tolérance ainsi que l aide aux personnes âgées ou pauvres, il considérait ses sujets comme ses enfants et s’était excusé de la guerre du Kalinga. Il était un fervent bouddhiste mais encourageait le culte d’autres religions et faisait apprendre au peuple les différentes religions pour plus de tolérance. Malgré la simplicité de ses paroles et édits le roi Asoka avait une moralité personnelle très stricte envers lui-même. Il avait su créer avec la police une coexistence pacifique. Du bouddhisme il avait la tolérance, la compassion et le respect pour toute forme de vie. Il faisait régulièrement importer des plantes médicinales où il n’y en avait pas auparavant pour que les gens puissent se soigner plus facilement ainsi que des grâces aux prisonniers étaient souvent accordées. Asoka inspectait très souvent ce qu il faisait construire et ainsi se retrouvait au milieu de ses souverains.

Comme il promouvait la tolérance et le respect mutuel il désirait que le peuple soit instruit au sujet des différentes cultures et religions. Les qualités de cœur recommandées dans ses édits sont assez nombreuses :
· Pureté du cœur,
· Gratitude,
· Enthousiasme,
· Contrôle de soi-même,
· Loyauté fidèle,
· Amour du Dhamma.

On note aussi l'importance donnée à une langue vulgaire et vernaculaire, un prâkrit, au détriment de la langue « noble » et littéraire, le sanskrit, montrant là un souci d'être compris par le peuple.
Il agrandit sa capitale Pataliputra - l'actuelle Patna - et y fait construire un palais dans le style perse. Il convoque aussi le 3e Concile bouddhique (253 av. J.-C. ou 243 av. J.-C.)

À la suite du règne éclairé d'Asoka, la réforme de l'empire Maurya est mise à profit par des envahisseurs, et bientôt il entre en déclin et se fragmente en une multitude de principautés. Jusqu'à la colonisation britannique, environ 2000 ans plus tard, jamais une aussi grande partie du sous-continent ne sera unie sous un même gouvernement.
Asoka fut le premier à développer des principes bouddhistes dans la politique et ses édits ont contribués à développer un système politique avec plus de spiritualité. Reconnaissant son rôle sans précédent dans l'histoire du pays, l'Inde a fait du chapiteau des colonnes d'Asoka ou lât, un des symboles de la république indienne.

Chapiteau d'Asoka

Décrets et extraits des quatorze édits écrits dans la pierre.

1er Décret : Autrefois dans les cuisines du roi Piyadassi (autre nom d'Asoka), le Bien-aimé des Dieux, des centaines de milliers d'animaux étaient tués quotidiennement pour leur viande. Dorénavant, seulement trois animaux seront tués, deux paons et un cerf et le cerf pas de façon régulière. Même ces trois animaux ne le seront plus dans l'avenir.
Première inscription des édits dans la pierre à Girnâr.

2e Décret : Partout dans l'empire du Bien-aimé des Dieux, le roi Piyadassi et même dans les royaumes à ses frontières, comme ceux des Chola, Pandya, Satyapoutra, Kéralapoutra aussi bien que dans celui de Ceylan et du roi grec nommé Antiochos et dans ceux des rois qui sont voisins d'Antiochos, partout les deux assistances du Bien-aimé de Dieux, le roi Piyadassi, sont fournis. Celles-ci consistent en soins médicaux pour les hommes et en attention pour les animaux. Les herbes médicinales si utiles pour l'homme ou pour la bête, sont apportées et plantées partout où elles ne poussent pas naturellement ; de la même façon, racines et fruits sont apportés et plantés partout où ils ne poussent pas naturellement. Des puits sont creusés le long de routes et des arbres plantés pour le bien des hommes et des bêtes.

3ème décret : Le Bien-Aimé des Dieux a dit : Douze ans après mon couronnement, les Yuktas, les Rajjukas et les Pradesikas devront vérifier l’état des tours tous les cinq ans. Le respect pour la mère et le père est bon, la générosité envers les amis, les Brahmanes et les ascètes, ne pas tuer d’êtres vivants la modération est bonne. Le conseil a annoncé que les Yuktas doivent observer avec le plus de rigueur les instructions dans ces mots.

Extrait du 5ème décret : Le Bien-Aimé des Dieux à dit : Etre bon est difficile. Quelqu’un qui veut être bon doit passer par des difficultés. Et si mes descendants finissent par être mauvais, ils devront apprendre à être bon mais c’est vrai qu’il est tellement plus simple d’être mauvais car il n’y a pas d’efforts à fournir.

7ème décret : Le Bien-Aimé des Dieux à désire que toutes les religions puissent s’épanouir pour le désire du contrôle de soi-même et la pureté du coeur. Mais le peuple a divers désirs et divers passions et ils peuvent pratiquer tout ce qu’il souhaite ou juste en partie. Mais celui qui reçoit comme cadeau les plus grands cadeaux qui sont le contrôle de soi-même, la pureté du cœur, la gratitude et la dévotion première devient une vraie personne.

Extrait du 8ème décret : Dix ans après mon couronnement, les choses ont pris place : visite et cadeaux aux Brahmanes et aux ascètes, visite et cadeaux en or aux plus âgés, visite du peuple à travers le pays, les instruisant à travers le Dhamma et parlant du Dhamma.

Extrait du 10ème décret : C’est très difficile pour une personne humble ou pour une grande personne d’accepter avec grands efforts d’abandonner ses propres intérêts.

Extrait du 11ème décret : Le Bien-Aimé des Dieux honore ces mêmes ascètes et les personnes âgées de toutes religions en leur faisant des cadeaux et des honneurs différents. Mais le Bien-Aimé des Dieux ne donne pas de valeur aux cadeaux et aux honneurs en tant que tel. Grandir dans l’essentiel de toutes les religions peut-être de différentes façons mais il ne suffit pas de prier qu’une seule religion et de condamner les autres et c’est ainsi mieux d’honorer les différentes religions pour cette raison. Quelqu’un qui prie sa seule religion peut devenir excessif et condamne les autres en disant : laissez moi glorifier ma seule religion.

Les édits de Kalinga :

Extrait du 1er décret : Si vous suivez mes instructions et que vous ne vous déchargez pas de vos charges, vous atteindrez ainsi le paradis et vous serez déchargez de ce que vous me devez.

Extrait du 2ème décret : Tout homme est mon enfant. Ce que je désire pour mon enfant est la paix dans ce monde et le prochain donc c’est ceci que je désire pour tout homme. Le peuple des territoires inconquérit à la frontière pensait : Quels sont les intentions du roi envers nous ? Ma seule intention est qu’ils vivent sans peur de moi, qu’ils me fassent confiance et me donnent leur paix. Ils doivent comprendre que je les encourage à pratiquer le Dhamma pour qu’ils puissent atteindre la paix dans ce monde et le prochain, ils doivent savoir que ma voix et ma promesse ne seront jamais rompus donc ils doivent améliorer leurs tâches et les assurer. Le peuple à la frontière à dit : Le roi est comme un père, il sent envers nous ce qu’il ressent envers lui-même, nous devons l’aimer comme ses propres enfants.

Les édits de Minor :

1er décret : Le Bien-Aimé des Dieux a dit : Cela fait maintenant plus que deux ans et demi que j ai commencé d’appliquer la discipline mais jusqu’à présent je n’ai pas été très zélé. Mais maintenant que j’ai visité le Sangha durant une année, je deviens très zélé. Maintenant le peuple en Inde qui n’est pas associé à Dieu doit l’être. C’est le résultat du zèle et non pas la grandeur qui le peut le faire. Même les humbles qui sont zélés, peuvent atteindre le paradis. Et cette proclamation a été faite dans ce but. Ce message à été proclamé deux cent cinquante-six fois par le roi durant son tour.

2ème décret : Le Bien-Aimé des Dieux a dit : Père et mère doivent être respectés ainsi que les anciens en leur donnant de la tendresse et en leur disant la vérité. En ce chemin le Dhamma fut promu. Avec ceci, un enseignant doit être honoré par ses élèves et ses manières doivent être montrées envers ces relations. Ceci est une ancienne règle de vie et doit devenir un acte. Ecrit par le scribe Chapala.

Edits et extraits des sept édits des piliers :

1er décret : Le Bien-Aimé des Dieux a dit : Les édits du Dhamma ont été écrits trente six-ans après mon couronnement. La joie dans ce monde et dans le prochain est difficile à obtenir sans beaucoup d’amour pour le Dhamma, beaucoup d’examination pour soi-même, beaucoup de respect, de peur du diable, et beaucoup d’enthousiasme. Mais à travers mes instructions le regard du Dhamma et l’amour du Dhamma a grandi chaque jour un peu plus et continue de grandir. Et les officiers de haut, moyen et bas rang ont pratiqué et se sont conformés au Dhamma et sont capables d’inspirer les autres à faire de même. Il faut faire de même dans les zones bordant le Mahamatras. Et ce sont mes instructions : protéger le Dhamma, faire la joie à travers le Dhamma et protéger le Dhamma.

Extrait du 4ème décret : L’entente des pétitions et de l’administration de la justice a été enlevée aux Rajjukas alors ils peuvent accomplir leurs taches sans être perturbés, avec moins de peur et dans la confidentialité. C’est mon désir que tout soit uniforme dans la loi et dans la sentence.

Extrait du 5ème décret : Durant mes trente-six ans de règne les prisonniers ont bénéficié de trente-six amnisties.

Extrait du 6éme décret : J’ai honoré les religions avec différentes sortes d’honneur. Mais je considère que le mieux est de rencontrer le peuple personnellement.

Extrait du 7ème décret : Le long des routes j’ai planté des bananiers pour en faire en profiter les animaux et les hommes, et j’ai planté des manguiers pour en faire profiter les animaux et les hommes. Mais ce sont des achèvements mineurs. J’ai fait cela pour que le peuple soit disposé à pratiquer le Dhamma. Mon Dhamma Mahamantra est occupé aussi avec les différents ascètes et Brahmanes ainsi que les personnes âgées de toutes les religions. J’ai ordonné qu’ils s’occupent des affaires de Sangha. J’ai ordonné qu’ils s’occupent des affaires avec les Niganthas. Il y a quelques officiers qui se chargent de la distribution des présents, les miens comme ceux des reines. J’ai aussi ordonné que mes enfants distribuent des cadeaux eux-mêmes car c’est en cela que s’applique le Dhamma. Cela permet ainsi le peuple respecte leurs proches, les personnes âgées en étant courtois, et fassent preuve de générosité envers les Brahmanes et les ascètes, les pauvres, les servantes et les employés.

Les édits mineurs des piliers :

2ème décret : Le Mahamatras de Kosambi qui est maintenant unifié n’est pas admis à Sangha. Quiconque, moine ou none s’écarte de Sangha doit porter des vêtements blancs et résider quelques temps ailleurs que dans un monastère.

Toujours dans ses édits et ses décrets, il mentionnait ses descendants futurs en espérant qu’ils respectent ce qu’il avait lui-même écrit peut-être par peur de non-continuité des ses idées.

À la mort d'Açoka, en 237 av. J.-C. (après s'être converti au bouddhisme, il a envoyé des missions convertir Ceylan en 240), l'Empire se morcelle. Son destin se révèle parallèle à celui de l'Empire gréco-iranien des Séleucides. Lorsque le dernier Maurya disparaît, le sous-continent se repartage entre une Inde gangétique aux mains des Çunga, une Inde du Nord-Ouest, où des aventuriers grecs venus de Bactriane se taillent des royaumes, et une Inde du Centre et du Sud, où les principautés locales (Andhra, Kalinga, Pandya) affirment leur jeune personnalité.

Les Çunga sont renversés à leur tour par les Kanva (de 73 à 25 av. J.-C.), pendant que les Grecs sont éliminés par les Sakas de Transoxiane (d'autres Indo-Européens de la steppe), qui, chassés par les turbulences de l'Asie centrale, s'implantent à leur tour dans l'Inde du Nord-Ouest au cours du Ier siècle av. J.-C. Parallèlement, les Andhra de l'Inde centrale tentent de reconstituer un empire. Définitivement libérées, les principautés de la façade maritime du golfe du Bengale rayonnent sur l'Asie du Sud-Est où, à l'aube de l'ère chrétienne, apparaissent les premières chefferies indianisées. C'est alors qu'une nouvelle vague d'envahisseurs indo-européens venus d'Asie centrale, les Kushanas, sait tirer profit de l'expansion du grand commerce «international», favorisé par le développement des Empires romain et chinois, pour s'installer en position articulatoire, des passes de l'Asie centrale à la vallée de l'Indus et à celle du Gange, et redonne ainsi une cohésion impériale au monde indien. Ce nouvel Empire connaît son apogée au Ier siècle apr. J.-C., avec l'empereur Kanishka.

Du Ier au Ve siècleCependant, l'agitation hunnique en Asie centrale remet en cause cet équilibre: le pôle des échanges mondiaux se déplace plus à l'ouest, au bénéfice de l'Iran des Sassanides, qui défont les Kushanas en 242. La dynastie des Satavahana, ou Andhra, au sud, décline parallèlement et est remplacée par des pouvoirs situés plus à l'Est, en relation avec le commerce du sud-est asiatique: Les Pallava de Kanchipuram (250) et les Vakataka de Nandivardhana (270.) Mais le succès même de ces entreprises permet à un nouveau pouvoir panindien de se constituer, au centre traditionnel de l'Inde, sur l'ancien royaume de Magadha, d'où émerge une nouvelle dynastie impériale, celle des Gupta, qui acquiert sa puissance avec Chandragupta au début du IVe siècle. Avec ce nouvel Empire, l'Inde connaît un essor économique et culturel de tout premier plan; d'autant plus que, pendant longtemps, elle est le seul royaume épargné par les invasions des peuples des steppes. La renaissance hindouiste se traduit par un essor de la littérature, encouragée par le roi Chandragupta, comme l'illustre le poète tragique Kalidasa, qui a parfaitement su traduire l'idéal de la société brahmanique.

L'empire des Gupta finit par être victime des invasions des peuples des steppes qui ne sont plus des Indo-Européens. Skandagupta (455-467) cède sous la pression des Huns blancs, ou Huns Hephthalites. La société indienne entre alors dans une phase d'émiettement politique et de dépression économique. Les sociétés maritimes, en particulier les sociétés de l'Inde du Sud, telles que celles des Pallava, font définitivement entrer les pays tamouls dans l'histoire. Si elles échappent dans un premier temps à la dépression, elles ne peuvent éviter d'être touchées dans un second temps, du fait de la diminution du commerce maritime entre l'Inde et la Chine.

Les Huns blancs, pris à revers par les Turcs d'Asie centrale, sont finalement vaincus en Inde du Nord au milieu du VIe siècle. L'Inde n'en reste pas moins fragmenté au cours du VIIe siècle, et les tentatives de restauration de l'unité échouent: celle des Calukya en Inde centrale ou celle du roi Harsha (606-647) en Inde du Nord. Désormais, l'Inde ne trouvera plus en elle les moyens d'un ordre impérial.
La marque de l'islamL'islam profite de l'instabilité chronique de l'Inde pour s'enfoncer, au fil des siècles, un peu plus profondément dans le Nord-Ouest, où il est cependant contenu pendant un demi-millénaire. La première conquête de l'Inde par les musulmans est celle du Sind en 712, mais elle est aussitôt arrêtée. Les divers royaumes indiens, à défaut de retrouver la voie de l'unité (dynastie des Gurjara, en Inde du Nord, etc.), retrouvent au moins, grâce au redémarrage économique favorisé par l'islam, celle de leur prospérité. C'est ainsi que, avec le IXe et le Xe siècle, l'Inde, rendue forte par le dynamisme politico-économique de ses divers royaumes et de leurs brillantes dynasties, comme celle des Chandella, entre dans une période où les différences régionales se marquent davantage. En même temps, le bouddhisme laisse la place au brahmanisme.

Les vagues turquesAu début du XIe siècle, la pression de l'islam arabo-iranien est remplacée par celle des Turcs nouvellement islamisés: avec Mahmud de Ghazni, ils prennent le contrôle de l'Inde du Nord-Est autour de Lahore, capitale du Pendjab. Mais la vague retombe bientôt, et la frontière avec l'islam se stabilise à nouveau pour un siècle et demi (de 1030 à 1191), pendant que les thalassocraties de l'Inde du Sud (les Cola) tentent de prendre le contrôle des voies maritimes en direction du Sud-Est asiatique, poussant leurs expéditions jusqu'à Sumatra.

Les invasions musulmanes sont paradoxalement à l’origine d’une réunification de l’Inde. À l’ouest du pays, favorisée par l’éclatement politique, émerge une nouvelle puissance solidement unifiée par l’islam, dirigée par le chef de guerre Mahmud de Ghaznî, le fondateur de la dynastie afghane des Ghaznavides.

Biographie de Mahmud De Ghaznî
971 avant J-C. - 1030 avant J-CSultan du royaume de Ghaznî (998-1030), à l'origine comportant l'Afghanistan moderne et l'Iran moderne du nord-est mais, par ses conquêtes et par la suite comprenant l'Inde du nord-ouest et la majeure partie de l'Iran. Il a transformé son capital, Ghaznî, en un centre culturel rivalisant avec Bagdad.
Mahmud était le fils d'un esclave turc, qui en 977 est devenu gouverneur de Ghaznî Quand Mahmud est monté sur le trône en 998 à l'âge de 27 ans, il avait déjà montré des capacités administratives remarquables. Quand il a accédé au trône, Ghaznî était un petit royaume.
Le jeune et ambitieux Mahmud a aspiré pour être un grand monarque, et dans plus de 20 expéditions réussies il a amassé la richesse avec laquelle il a pu créer la base d'un vaste empire qui a par la suite inclus le Kashmir, le Pendjab, et une grande région de l'Iran.Pendant les deux premières années de son règne Mahmud a consolidé sa position dans Ghaznî.

Pour des raisons politiques, il a donné allégeance nominale au calife d’Abbasside à Bagdad et le calife en retour l’a fait gouverneur légitime des terres qu’il occupait et l’a encouragé dans ses conquêtes. On dit que Mahmud se voua à envahir l'Inde une fois par an et, en fait, a mené environ 17 expéditions. La première campagne à grande échelle a commencé en 1001 et l’a fini en 1026. Les premières expéditions ont visé le Pendjab et l'Inde du Nord-Est, alors que dans sa dernière campagne Mahmud atteignait Somnath sur la côte méridionale du Gujerat.Un de ses chefs en Inde nordique était Jaipal, la règle du Pendjab. Quand, en 1001, Mahmud a marché sur l'Inde à la tête de 15.000 hommes à cheval, Jaipal l'a rencontré avec 12.000 hommes à cheval, 30 000 soldats à pieds, et 300 éléphants.

Dans une bataille près de Peshawar les Indiens, cependant supérieur en nombres et équipement, sont tombés en arrière sous l'impact du cheval musulman, laissant 15.000 mort. Après être tombé dans les mains des vainqueurs, Jaipal, avec 15 de ses parents et officiers, a été finalement libéré. Mais le Raja ne pourrait pas soutenir sa défaite, et après l'abdication en faveur de son fils, Anandpal, il a monté son propre pyre funèbre et a péri dans les flammes.Anandpal a lancé un appel à l’aide aux autres rajas indiens. Certains répondirent en venant chez la personne, d'autres ont envoyé des armées. Les femmes indiennes ont vendu leurs bijoux pour financer une armée énorme.

Quand, enfin, en 1008, Mahmud a rencontré la force formidable augmentée ainsi, les deux armées ont étendu des revêtements entre Und et Peshawar pendant 40 jours. Le Sultan a finalement réussi à attirer les Indiens pour l'attaquer. Une force de 30.000 Khokars, une tribu féroce et primitive, a chargé les deux flancs de l'armée du Sultan d'une telle férocité que Mahmud était sur le point de battre en retraite. Mais l’éléphant de Anandpal s’est retourné pris de panique alors les Indiens, croyant que leur chef se sauvait ont pris la fuite en abandonnant leurs morts sur le champ de bataille. L'avance de Mahmud fut facilité par une victoire importante au cœur de l'Inde.

Après avoir annexé le Pendjab, et renvoyé l'immense butin, l'ensemble du Sultan a transformé Ghaznî en un grand centre d'art et de culture. Il a patronné des disciples, a établi des universités, crée des jardins, et des mosquées, des palais, et a établi de caravansérails. L'exemple de Mahmud a été suivi de ses nobles et courtiers, et Ghaznî bientôt été transformé en centre culturel le plus brillant de toute l’Asie centrale.En 1024 le Sultan a visé sur sa dernière expédition célèbre à la côte méridionale de Kathiawar le long de la mer arabe, d'où il a renvoyé la ville de Somnath et son temple hindou renommé.

Mahmud est revenu chez lui en 1026. Les dernières années de sa vie il les a dépensé en combattant les tribus asiatiques centrales menaçant son empire.Monument du sultan Mahmud de Ghaznî a Ghaznî. Mort en 1030, les successeurs Ghaznavides poursuivent la politique d’incursions destructrices, de pillage sans forcément annexer les territoires conquis. Destruction de Bénarès (Varanasi), pillage du Pendjab. Les princes hindous ne vont pas au-delà de leur rivalité de royaume, facilitant la pénétration des Musulmans.

Leur première approche se traduit par des pillages, destructions, conversions forcées. Même si des savants indiens sont emmenés dans les cours de Bagdad, Damas et les traductions de leurs écrits en persan. Il n’existe pas de volonté politique de gouverner l’Inde, seulement perçue comme une terre de richesse. A ce moment, les Chandela deviennent les protecteurs de l’orthodoxie hindoue. Ils font construire de nouveaux temples à Khajurâho.
Mohammed de Ghur(1150-1206)

Une nouvelle vague turque, celle de Mohammed de Ghur, s'avance à partir de 1175, prend pied dans la vallée du Gange. Il profite de la faiblesse des successeurs de Mahmud de Ghaznî.
Ses expéditions commencent en 1793 au Gujerat, à Peshawar, puis au Rajput. Il va jusqu’au Bengale où il participe directement à la disparition du bouddhisme en Inde en massacrant deux milles moines.
En 1185 il prit Lahore et écrasa les Rajputs. Bataille de Tarian en 1192 et victoire sur les Rajputs.
Il détruit l’Université de Nalanda en 1194. Ce dernier royaume constitue la plus forte résistance avec le roi d’Ajmer et Delhi, Prithviraj. L’Inde du Nord se plie progressivement à l’hégémonie musulmane.
Qutb ud Din Aibak, esclave fonde la dynastie des esclaves et se déclare sultan de Delhi en 1206 à la mort de Mohammed de Ghur ; la région fut considérée comme un état à part entière et non plus comme une extension du royaume afghan ; Qutb ud Din Aibak reste en Inde et poursuit la conquête.

Il meurt en en 1210, souverain respecté qui fait tout pour répandre la foi musulmane en Inde. Il fait construire une mosquée à Delhi, à Ajmer. Il s’agit des premières tentatives d’instauration d’un état durable musulman en Inde.

Les Nobles mirent alors Aram Shah sur le trône avant de le remplacer huit mois plus tard par Malik Shams ud Din Iltutmish (1210-1235. )En 1228, il reçoit le titre de grand sultan du calife de Bagdad, nouvelle légitimité pour faire face aux luttes intestines. Il renforça la position du sultanat de Delhi en repoussant les Afghans et les Rajpoutes.
Il fît de Delhi la capitale. Il meurt en 1226 après avoir renforcé la domination musulmane.

Sa fille Razziya est désignée pour lui succéder au grand dam des nobles, dirigea le sultanat pendant quatre ans.
Son règne fut suivit de celui de Bahran Shah(1240-1242), Ala ud Din Masud Shah (1242-1246), et Nasir ud Din Mahmud (1246-1266).

Puis Ghiyas ud Din Balban accéda au pouvoir. Il fut sans doute le plus grand sultan de la dynastie. Il hérita d’un territoire affaibli et attaqué de toutes parts par les Mongols et les Rajputs. Il consolida les frontières en bâtissant des citadelles garnies de fermiers soldats.

Les Mongols furent repoussés à deux reprises en 1279 et en 1285. Un des grands mérite de Balban fut d’avoir organisé et sécurisé Delhi pour les dynasties à venir. Le rôle de fondateur de la première dynastie de Delhi fut laissé aux Khalji arrivés au pouvoir en 1290 avec à leu r tête Jalal ud Din Feroze Khalji.

En 1292, Firuz le neveu de Muhammad bin Turhluq, combat les mongols en 1292. Ce dernier fut assassiné par son neveu Alad ud Din en 1296. Le sultanat de Delhi, malgré une histoire dynastique troublée, entreprend alors de «nettoyer» l'Inde du Nord (1296), faisant disparaître les derniers princes bouddhistes de la péninsule, les Pala et les Sena du Bengale. Il se proclama lui-même sultan de Delhi avant d’obtenir l’appui de la noblesse et du peuple grâce à l’or accumulé.

L’un des grands succès d’Ala ud Din fut d’écarter définitivement la menace mongole après leur dernière tentative d’invasion en 1308. Sa politique d’expansion dit d’Ala ud Din le véritable premier empereur de l’Inde. Son père a favorisé les arts musulmans et persans. Il fait construire le Qutb Minar ( dont le nom est un hommage à un de ses protégés de Bagdad Qutb ud Din ) et une mosquée. Il fixe les bases solides du Sultanat de Delhi. Delhi est considérée comme la seconde Bagdad. Il se proclama lui-même sultan de Delhi avant d’obtenir l’appui de la noblesse et du peuple grâce à l’or accumulé.

L’un des grands succès d’Ala ud Din fut d’écarter définitivement la menace mongole après leur dernière tentative d’invasion en 1308. Sa politique d’expansion fit d’Ala ud Din le véritable premier empereur de l’Inde. Après la mort d’Ala ud Din de graves dimensions permirent aux Turhluq de prendre la succession des Khalji sur le trône de Delhi. Trois des villes historiques furent construites sous le règne des Khalji (Tughlaqabad, Jahanpandh, Ferozabad ). Ghazi Malik inaugura la dynastie sous le nom de Ghiyas ud Din Turhluq.

Son fils Muhammad bin Turhluq lui succéda après un règne assez bref au cours duquel il bâtit Turhlaqabad. Il fut le premier à considérer l’Inde comme un pays à part entière et il s’imagina que son dirigeant pouvait être le maître de l’Asie Centrale. Il envoya des missions en Chine, en Egypte et dans beaucoup d’autres pays. Très tolérant il ouvrit de nombreux postes à responsabilités aux hindous. Il débuta la construction de la cinquième ville de Delhi (Jahanpanah ). Sa plus malheureuse décision fut de déplacer sa capitale de Delhi à Daulatabad ( à 1000km plus au sud ) en obligeant la population à le suivre. Mais une fois là bas il changea d’avis et fit demi-tour. La plupart des gens ne survécurent pas au voyage et Delhi perdit une grande part de sa grandeur.

Il mourut en 1351. Son neveu Firuz prit la succession et fut le plus grand bâtisseur de Delhi. Il y construisit la sixième ville ( Ferozabad), quatre mosquées, trente palais, deux cent caravansérails, des réservoirs, des hôpitaux…Très aimé de son peuple, son règne fut cependant celui du déclin. Sa mort en 1388 fut suivie par la succession de sultans tous plus inaptes les uns que les autres. La guerre civile s’installa et laissa tout le loisir à Tamerlan d’envahir l’Inde du Nord en 1398..

Tamerlan ou Timur le boiteux

Un prince esthète et redoutable.

Né en 1336 près de la ville de Kech-Chakhrisabz, le jeune Timur appartient aux Barlas, d’origine Turco-Mongole. Enfant des steppes, il suit d’abord son père, chef de ce modeste clan et membre dévot d’une confrérie de soufi. A 14 ans, il se met au service des chefs de tribus qui se disputent le pouvoir en Transoxiane.

Il sera mercenaire auprès des uns et des autres, avant de prendre la tête d’une bande d’aventuriers, détrousseurs de caravanes et voleurs de bétail. Tamerlan ne niera jamais cette part de cette histoire, et se plaira à répéter :<< Si un pauvre voleur de moutons comme moi est devenu le plus grand souverain de l’Asie, c’est qu’il est favori de Dieu>>.

A 27 ans, il est blessé à la jambe droite et restera infirme. A son nom, Timur, le peuple ajoutera le sobriquet de Lang(boiteux en Persan). Et de Timur Lang, les Européens feront Tamerlan. Mais une fois hissé sur son cheval, cet handicapé se révèle un cavalier infatigable et un combattant redoutable, suscitant un dévouement absolu chez les milliers d’hommes qui le vont le suivre dans les entreprises les plus téméraires.

En 1370, il se fait acclamer chef des tribus de Transoxiane. Il quitte la steppe et annonce qu’il veut Samarkand pour capitale. Ravagée un siècle et demi plus tôt par les cavaliers de Gengis Khan, la cité n’est plus que l’ombre d’elle-même. Tamerlan va en faire la capitale économique et culturelle de tout l’Orient. Grâce aux taxes qu’il impose, les innombrables caravanes de marchandises qui circulent en Asie vont lui verser une grande partie des revenus nécessaires au financement de son armée, à l’aménagement des routes, à l’embellissement de sa ville.

Le contrôle des routes commerciales sera toujours l’une de ses préoccupations majeures e l’une des raisons de ses expéditions guerrières. En 1380, dix ans après sa prise de pouvoir, il entame son ambitieux projet de domination de l’Asie Centrale. En neuf ans, il conquiert l’ouest de l’Iran l’Afghanistan, l’Azerbaïdjan, l’Irak oriental, la Géorgie, l’Arménie et le Kurdistan, défait les tribus du Khirghizistan actuel qui menaçaient Tachkent et s’avance jusqu’à Tourfan(Xinjang)à 2000 kilomètres de sa base.

Sa réputation grandit, mais aussi la peur qu’il inspire, car il fait de la dissuasion par la terreur une arme absolue. Toute ville ou forteresse convoitée doit se rendre immédiatement pour être épargnée. Celle qui ne se soumet qu’après un dur combat sera pillée, ses défenseurs éxécutés ou réduits en esclavage. Celle qui, une fois conquise, se rebellera sera détruite et ses habitants tués. Avec leurs têtes, on érigera des tours.

Tamerlan fait pourtant une exception à ces éxécutions punitives : il épargne la vie des meilleurs savants, écrivains, artistes,architectes et religieux des pays conquis, et les ramène à Samarkand. De ce rassemblement d’intelligences et de talents naîtra la renaissance timouride, un mouvement culturel syncrétique qui engendrera une architecture superbe et un art pictural qui marquera la miniature persane.

Sur les champs de bataille du Moyen-Orient , Tamerlan vole de victoire en victoire. Son armée cosmopolite, composée de Turcs, de Tadjiks, de Mongols, d’Indiens du Nord, d’Afghans, d’Iraniens, de Géorgiens ne parlant pas la même langue( !) va plus vite et plus loin que les autres. Ses hommes courent, tuent, et meurent pour lui avec un dévouement sans bornes. Sans doute parce que chacun reçoit sa part de butin et que les distinctions sont remises par Tamerlan sur la seule base du mérite, sans tenir compte du rang, de la richesse ou de la parenté. Lui-même partage la vie rude de ses hommes et refuse de porter les titres de roi ou d’empereur. Il se fait appeler seigneur ou chef : Timur Beg ou Emir Timur.

Mais sa passion demeure Samarkand. Il fait percer des rues, ouvrir des places et des bazars, installer des fontaines et des jardins, creuser des canneaux, planter des arbres, construire des mausolées, des palais et des édifices religieux décorés de superbes céramiques. Il crée des tribunaux et des écoles, ainsi qu’un vaste secrétariat pour administrer la capitale et les provinces. Le service du courrier, avec ses itinéraires jalonnés et ses relais d’hommes et de chevaux, a la priorité sur toutes les routes de l’empire afin que Tamerlan soit informé en permanence du moindre événement. Mais là défense des territoires conquis l’oblige à s’absenter souvent.

Deux puissants rivaux menacent en effet son empire et le contrôle de la route de la soie : les tribus de la Horde d’Or, au nord, et la Turquie ottomane, alliée à la Syrie et à Bagdad à l’ouest. La Horde d’Or, dirigée par les descendants de Gengis Khan, occupe et contrôle toute la Russie ; son khan, Toktamich, avait déjà essayé par deux fois d’envahir la Transoxiane.

En 1391, Tamerlan riposte en surprenant les tribus de la Horde par un raid foudroyant qui le mène jusqu’en Sibérie. Il rapporte à Samarkand le trône d’or de Gengis Khan que détenait Toktamich, puis repart, quelques mois plus tard, achever la conquête de l’Iran. En 1393, il pousse jusqu’à Bagdad, dont il s’empare. Au nord de Mossoul, il assiège Mardin qui le défie, mais épargne la ville rebelle : il vient d’apprendre la naissance, le 22 mars 1394, de son petit-fils Ulug Beg, futur grand astronome. Tamerlan est informé que la Horde d’Or a regroupé ses forces contre lui au nord de la Caspienne.

De la Géorgie, où il est allé réduire une révolte, le conquérant lance son armée dans le Caucase contre Toktamich. L’affrontement décisif, sanglant et acharné, à lieu le 15 avril 1395. Encerclé, Tamerlan doit se libérer à coups de sabre. Mais la Horde d’Or est finalement vaincue et le fleuve Terek devient rouge du sang mongol, selon la chronique. En moins d’un an, Tamerlan conduit son armée le long de la Volga jusqu’à Kazan, oblique près de Kiev, redescend le long du Don, s’empare de Saray et d’Astrakan, anéantissant au passage les points fortifiés et les comptoirs de la Horde. Le butin est énorme.

Tamerlan s’arrête à Kech, où il fait activer la décoration bleu et or du magnifique Palais blanc (Ak Saray) et orne le fronton de cette inscription :<>Il passe l’année 1397 à embellir Samarkand et à réorganiser son administration. Les pauvres reçoivent des vêtements, de la nourriture, et la population est exempte pour trois d’impôts. La prospérité et la sécurité règnent, les caravanes affluent. Tamerlan se délasse avec ses épouses dans son palais dernier cri : Bagh-i Dilasha…avant d’annoncer la guerre sainte contre le sultan de Delhi, un musulman !

Il craint en effet que l’anarchie qui règne en Inde du Nord ne nuise à son fief d’Afghanistan et compromettre le commerce de la route de la soie et des épices de l’Inde. En 1398, il franchit l’Hindu Kuch, passe l’Indus, s’installe devant Delhi. Il triomphe de l’armée indienne, de ses éléphants de guerre et de ses fusées garnies de pointes de fer. Le 17 décembre 1398, il entre dans Delhi et visite avec admiration la grande mosquée en déclarant qu’il en fera bâtir une aussi grande à Samarkand. Rentré dans sa capitale, Tamerlan ordonne la construction. L’édifice sera appelé Bibi Khanum par le peuple, du nom de son épouse inhumée à proximité.

Tamerlan reprend la route des conquêtes pendant cinq années. Après avoir écrasé une armée de coalisés européens sur le Danube, à Nicopolis (1396), son adversaire le plus dangereux, le Turc Bajazet, prépare le siège de Constantinople. Tamerlan n’hésite pas à répondre favorablement à des offres d’alliance’ contre les Turcs de la part des puissances chrétiennes : Gênes, Venise, Constantinople et Trébizonde.

A 64 ans il conduit une campagne militaire digne de son talent aux échecs. Il fonce sur Sivas, en Turquie, puis disparaît en direction de la Syrie des Mamelouks. Il ravage Alep, fait dresser quelques tours de têtes, puis assiège Damas, en décembre 1400. Le sultan s’enfuit en Egypte, mais la puissante citadelle continue à résister pendant quarante-trois jours, ce qui irrite Tamerlan. Pour récompenser ses troupes victorieuses, il autorise trois jours de pillage après l’évacuation des habitants. L’armée quitte Damas en mars 1401 pour Bagdad qui refuse de se rendre. Elle est prise d’assaut un midi de juillet torride, alors que les sentinelles avaient quitté les murailles pour se mettre à l’ombre. Cette fois, Tamerlan fait élever plusieurs tours de têtes et démolir des édifices avant de foncer vers la Turquie.

Les alliés de Bajazet ont été éliminés : les deux plus grands conquérants vont s’affronter. Bajazet regroupe ses armées-au moins cent vingt mille cavaliers et janissaires- au pied de la citadelle d’Ankara. Tamerlan campe en Géorgie où il reçoit les renforts. Les chrétiens de Byzance prient pour la victoire du conquérant musulman et de ses cent mille cavaliers et lui offrent même l’aide de leurs navires dans les Détroits. A la suite d’une série de mouvements habiles, Tamerlan parvient à déloger Bajazet de son camp retranché et à prendre sa place. Celui-ci comprend trop tard la stratégie de son adversaire et revient sur ses pas avec ses troupes, fatiguées et assoiffées, car Tamerlan a fait empoisonner tous les puits.

Le 28 juillet 1402, se déroule l’une des plus grandes batailles de cavalerie de tous les temps. Les Turcs sont battus, mis en fuite, et Bajazet, capturé, mourra de désespoir. Tamerlan fait libérer tous les captifs chrétiens que détenaient les Turcs. En brisant la coalition des puissances d’Asie Mineure et du Moyen-Orient capables de le conccurencer sur le plan stratégique et d’accaparer les débouchés occidentaux de la route de la soie, Tamerlan a sauvé Constantinople pour un demi-siècle et bloqué l’invasion de l’Europe orientale par les Turcs.

Il reçoit les remerciements et l’amitié de l’empereur de Constantinople et les souverains d’Europe et envoie même un moine dominicain au roi de France pour lui proposer de développer le commerce entre son empire et l’Europe. En mars 1403, après avoir ravagé la Turquie, Tamerlan retourne à Samarkand, réprimant au passage toute tentative de rébellion. Après sa longue absence, le chef de guerre peut enfin exercer dans sa capitale les activités civiles qui le passionnent. Il préside des tribunaux avec sa sévérité habituelle, active les chantiers, lance de nouvelles constructions.

Malgré une santé déclinante, il donne des fêtes somptueuses aux invités accourus de Moscovie, de Constantinople, d’Inde, de Mongolie, d’Egypte et même de Castille.
Tamerlan les accueille sous des tentes immenses couvertes de fourrures et de soies multicolores. Ses quatre épouses, non voilées, y assistent et servent en abondance des vins aux invités. La population participe aux réjouissances, tandis que chanteurs et musiciens se font entendre sur les places. Ruy Gonzalez de Clavijo, le seul Européen qui séjourna dans la Samarkand de Tamerlan, à la tête d’une ambassade envoyée par le roi de Castille, fut ainsi reçu avec courtoisie par le conquérant et sa cour. Les Espagnols étaient invités à tous les banquets, visitaient librement la ville, admiraient les monuments. Clavijo dîna avec Tamerlan et ses proches, rendit visite à sa première épouse, Saray Mulk Khanum, qui lui montra les trésors que son mari entreposait sous sa tente, dont un grand arbre en or portant en guise de fruits des perles, des rubis et des émeraudes…

Mais le 21 novembre 1404, Tamerlan renvoya tous ses invités. Il avait décidé d’attaquer la Chine. A près de 70 ans, malgré la neige et un froid vif, l’infatigable conquérant remonte donc en selle, à la tête d’une puissante armée. Mais, quelques jours plus tard, épuisé, il meurt en chemin, probablement d’une pneumonie.

A l’annonce de sa mort, le désordre s’installe dans Samarkand, les prétendants se disputent le pouvoir, la grande armée se disperse. Et l’empire de Tamerlan disparaît avec son fondateur, rendant caduc l’ambitieux projet de cette multinationale reliant l’Orient à l’Occident. La littérature historique ne retiendra de lui que l’image du conquérant impitoyable et cruel.
L’Empire mongol
De la conquête au règne d’Akbar
Dans un premier temps l’avénement des Mongols en Inde se caractérise par une période de conquête territoriale et d’assise militaire . Le territoire de Babour s’étend de l’Oxus au Bengale, de l’Himalaya à Gwalior. Lors de la mort de Babur (1526-1530), l’Empire mongol existe nominalement sur bien des régions. Mais il ne laisse aucune structure politique, administrative ou sociale viable. C’est un Empire de conquête.
Son fils Humayun, poursuit l’œuvre de son père. Mais rapidement destitué, un Afghan le destitue. Sher Khan (1540). Une dynastie afghane règne sur l’Empire Mongol pendant 15 années. Elle instaure une administration cohérente, efficace et lutte contre la corruption.
L’Inde connaît la paix et la prospérité. Ce sultan, juste, religieux, protège son peuple des exactions de son armée qu’il dirige d’une main de fer. Ce gouvernement et la retour bref d’Humayun annonce les années de règne d’Akbar, souverain toujours présent dans l’imaginaire des indiens Hindous ou Musulmans.
Akbar (1554/1605)

conserve une place aussi importante qu’Asoka en Inde. C’est un souverain mythique, tolérant et soucieux de gouverner l’Inde comme une nation.
Autre origine de sa réussite, la tolérance. Il décide d’abolir l’esclavagisme des familles vaincues, la taxe sur les pèlerinages religieux non musulmans, la Jizya qu’il considère discriminatoire pour l’unité de son pays. En fait, il tente d’établir une société indo-musulmane de fait. A partir de cette période, l’interpénétration culturelle entre la société musulmane et hindoue se réalisent. L’architecture en sera la plus belle illustration.
La tolérance religieuse d’Akbar est telle qu’il fait construire un palais de discussion religieuse (" L’Ibadat Khâna "). Il établit un ministère des traductions pour établir l’édition de livres scientifiques et religieux hindous et participent à des fêtes hindous.
En 1581, il créera " la religion de la lumière " et déclare en 1584 la fin de l’Islam comme religion d’État.
C’est un Empire vaste et unifié, à la société multiraciale, ouverte à toutes les religions.
Akbar, comma Ashoka donne une unité politique, administrative, monétaire, législative.
Fin politique, tolérant, mécène (musique, chant, danse), avide de culture (pourtant illettré), le règne d’Akbar offre à sa mort (1605) les bases de " l’âge d’or des Mongols ".
Biographie d’Akbar
C’est au Pakistan, pendant l’exil de son père l’empereur mongol Humayun, que Akbar voit le jour le 15 octobre 1542. Il est encore un enfant lorsque Humayun restaure le pouvoir mongol à Delhi et seulement 13 ans lorsque son père meurt le 11 février 1556. Bairam Khan, son tuteur, le couronne trois jours plus tard et il devient régent de son royaume. C’est lui qui sauvera le royaume mongol en battant les troupes du général Hému lors de la grande bataille de Panipat en 1556 et c’est lui qui permettra aux mongols de remporter de nombreuses batailles. Mais en 1560 Akbar décide de s’émanciper et met fin à la régence. Bairam Khan organise une révolte rapidement matée par Akbar. Il devient alors, à 18 ans, le maître absolu de l’empire mongol. Doté d’une étonnante ouverture d’esprit et d’une grande intelligence politique et bien que quasiment illétré, Akbar entreprend de profondes réformes, tant administratives que culturelles. Il décide que l’empereur conserve le pouvoir absolu, aidé par un conseil des ministres dirigé par le Visir. Il divise son royaume en grandes provinces en mettant à leur tête un gouverneur (le sudebard, qui deviendra par la suite le nawab) assisté d’un administrateur civil (le diwan) chargé entre autres de la collecte de l’impôt. Il rend plus souple le système juridique même s’il en reste le juge suprême. En 1563 Akbar abolit la jizia, taxe que devaient payer les pèlerins hindous, une mesure révolutionnaire à l’époque. Il lève les restrictions liées à la construction des temples hindous, interdit les mariages consanguins et rend illégal la pratique de la sati ( crémation de la veuve sur le bûcher). Pour marquer sa tolérance religieuse il épouse de nombreuses princesses hindoues et même une chrétienne. Son épouse la plus importante reste cependant Jodha Bai, princesse rajpoute, qui donnera naissance au prince héritier Salim.
Akbar est aussi un amoureux des arts et sera un grand mécène. Il fait venir à sa cour les plus grands artistes de l’époque. Mais cela ne doit pas faire oublier qu’Akbar est avant tout un conquérant. Dès sa prise réelle de pouvoir en 1560 il décide de s’attaquer aux royaumes rajpoutes. La plupart du temps, plutôt que d’occuper ces territoires par la force, il leur laisse une certaine autonomie et épouse les princesses. Cependant Akbar est impitoyable avec les chefs rajpoutes qui lui résistent. Comme celui de Mewar dont il assiégea Chittor, la capitale en 1567. Après la chute de celle-ci il ordonne un massacre général. Les dirigenats du Mewar échappèrent néanmoins à la mort et le Mewar ne sera jamais pris par Akbar.
Akbar s’empare ensuite du Gujerat et de l’important port de Surat en 1573, puis du Bengale en 1576, du Cachemire en 1586, de l’Orissa en 1592 et du Sindh en 1595. Pour célébrer sa victoire sur le Gujerat, Akbar décide de bâtir une nouvelle capitale à Sikri où il habite le Saint Salin Christi qu’il aimait particulièrement. Il la nomma Fatehpur Sikri et elle devint effectivement capitale de l’empire mongol entre 1569 et 1585, date à laquelle il l’abandonna complètement pour retourner à Agra.
Les dernières années du règne d’Akbar seront marquées par les frasques du prince héritier Salim. Celui-ci refuse de suivre les directives de son père et va s’installer à Allahabad. Il s’empare de plusieurs provinces et frappe même de la monnaie à son nom. C’est un rébellion que Akbar ne peut tolérer. Le pire sera néanmoins évité grâce à l’intervention de la veuve de Bairam Khan qui parviendra à réconcilier les deux hommes. Akbar désigne officiellement Salim, qui deviendra Jahangir, comme l’héritier du trône. Il meurt peu après le 27 octobre 1605. Il est enterré à Sikandra près de Agra.
" L’âge d’or des Mongols "
Ses successeurs, jusqu’à l’avènement d’Aurangzeb, (1605/1658) vont gérer cet héritage politique, philosophique et permettre à l’Inde de connaître une période de grande prospérité économique, de stabilité sociale et politique. Ce contexte permet une production culturelle et artistique, style impérial dont le Taj Mahal reste le plus éloquent et connu (début 1631, dure 17 ans).
Durant cette période, Jahangir puis Shah Jahan ne remettent pas en cause l’organisation administrative d’Akbar. Fervents musulmans, ils se gardent néanmoins de remettre en cause l’équilibre religieux par un prosélytisme.
Ils participent à l’unification des peuples, à la paix, au développement des miniatures dont le style s’indianise.
Shah Jahan verra son règne perturbé par les velléités de son fils Aurangzeb qui prend finalement le pouvoir en 1658.
Sous son règne, Agra est considérée comme la plus belle ville musulmane. Sa cour est la première du monde, du point de vue artistique, culturel du monde. Les témoignages arabes, européens et asiatiques font état du luxe d’Agra. Il réalise des forts, des mosquées, tombes dans les grandes villes. (style : utilisation massive du marbre blanc, incrustation de pierre semi précieuse, arches multicolorisées, piliers élancés incrustés de motifs floraux et végétaux.
De l’Islam rigoriste d’Aurangzeb à la désintégration de l’Empire
La société Indo-Musulmane
Dans un premier temps, une phase d’évangélisation, de prosélytisme religieux où les dynasties se servent de l’Islam comme d’un prétexte au pillage, destruction. L’inde est rarement gouvernée par des souverains soucieux de gérer une unité politique et administrative, de sortir d’un communautarisme exacerbant les tensions. En fait la relation entre les deux communautés dépend de la personnalité du souverain, de son degré de religiosité. Cette tolérance se perçoit concrètement par les règnes où les Hindous peuvent participer à la gestion de l’Inde auprès des Musulmans, à la tolérance des pratiques religieuses hindoues voire à l’abolition de la jaziya. D’autre part, l’appartenance au courant sunnite ou chiite détermine les rapports entre les deux communautés. Les Hindous assimilent d’avantage les chiites car ils pratiquent la dévotion, intègrent la musique dans leurs croyances, vie austère dégagée d’intérêt pour la dimension matérielle.
C’est une période globalement dangereuse pour la culture hindoue. Les rapports musulmans entre les Hindous du Sud diffèrent de par leur relation commerciale multi-séculaire. En effet, les commerçants Arabes s’installent sur les côtes du Sud et se marient avec des femmes hindoues. Ils acceptent d’ailleurs certaines coutumes locales. Le nord de l’Inde doit la conservation de sa culture aux Brahmanes et à la structure villageoise. En effet, il il existe un Brahmane par village assumant les affaires religieuses et d’instruction. D’autre part, l’Hindouisme se conserve mieux dans les villages où la tradition régule la vie religieuse , sociale depuis des siècles. La pauvreté des deux communautés amènent également un compromis de cohabitation.
C’est une période de confrontation où dans le meilleur des cas les deux communautés cohabitent avant l’avènement des Mongols. Il existe certes des échanges économiques mais cela ne constitue pas pour le nord de l’Inde et ses habitants une période faste.
Artistiquement, l’apport musulman est conséquent. Outre les mosquées, l’Art musulman apporte un art funéraire complètement inconnu par la culture hindoue. Mausolée, tombeaux vont accroître le capital culturel de l’Inde. (exemple très connu le Taj Mahal d’Agra )

Les Arabes, les Mongols apprécient également les artisans Indiens. Lors des premières pénétrations mongoles, ces derniers récupérèrent les artisans Indiens pour leur capitale Samarkand.
L’interprétation culturelle apparaît également au sein de la religion avec notamment une tentative de syncrétisme religieux avec le Sikhisme, l’apport de la pratique dévotionnelle ( la shakti) issue du soufisme, le culte des saints et des pèlerinages, deux pratiques rigoureusement interdites par le Coran.
La colonisation Portugaise
Le Portugal s’est longtemps opposé au royaume de Castille ; limité dans ses ambitions dans la péninsule ibérique, il est contraint de se tourner vers le grand large pour trouver les terres nécessaires à son expansion démographique. Il devient donc urgent de rechercher d’autres territoires pouvant fournir les demandes. D’autre part, certains produits de luxe font d’autant plus défaut que la clientèle est nombreuse. Les épices, la soie, le sucre arrivent au compte-gouttes à Venise et Gênes qui détiennent le monopole du commerce avec l’Orient.
Depuis le 5ème siècle tous les savants savent que la terre est ronde. Les géographes Arabes fournissent d’importantes indications sur l’Afrique, la péninsule arabique et l’Inde. D’autre part, à la suite des croisades les Occidentaux entreprennent de grands expéditeurs en Asie dont la plus connue est celle de Marco Polo.
En 1487, un an après que Barthémély Diaz ait doublé le Cap de Bonne Espérance, le roi Jean II envoie Pedro de Couilha et Alphonse Paiva recueillir des renseignements sur la route des Indes.
Portrait du roi Jean II
Couilha est embarqué sur un boutre arabe, va en Inde à Canonor, Calicutt et Goa puis retourne au Caire en passant par Sofola et Aden. Il fait parvenir à Lisbonne les renseignements obtenus sur la côte orientale africaine, la navigation de l’océan indien et la côte des Malabar. Grâce aux renseignements fournis le roi du Portugal, Emmanuel le Fortuné, peut préparer une grande expédition.
Portrait d’Emmanuel le Fortuné
Cette expédition est confiée à Vasco de Gama. Il quitte les bords du Tage le 8 juillet 1497 avec quatre navires. En novembre 1497, il double le sud du continent africain et se procure à Mélina des pilotes qui le mènent sur la côte de Malabar.

Portrait de Vasco de Gama
Le 18 mai 1498, il est à Calicutt et entre en relation avec le Zamorin (souverain local). Les Arabes se rendent compte du danger que représente l’expédition pour leurs intérêts commerciaux. Vasco de Gama doit finir vers Canonor où il peut ravitailler ses navires et les charges d’épices et autres marchands. Il retourne vers le Portugal et arrive à Lisbonne en septembre 1499. La route des Indes est ouverte.

Carte de la route des Indes.
Pour le monopole du commerce des épices, la dynastie Portugaise veut se créer les liquidités nécessaires pour financer la croisade. En même temps, ce monopole affaiblit les sultanats du Proche-Orient qui percevaient des taxes sur toutes les marchandises transitant à travers leur territoire. Ces taxes alimentaient leur trésor et leur permettaient de financer les contingents qu’ils levaient pour le Sultan de Constantinople lorsque l’étendard de la Guerre Sainte était levé.
Almeida, premier vice-roi des Indes.
Né à Lisbonne vers 1450, fils du comte d’Abrantès, il se distingua d’abord contre les Maures à la prise de Grenade en 1492. Nommé en 1505 premier vice roi portugais des Indes orientales par Manuel 1er.
Portrait de Manuel 1er.
Il profita de son voyage pour s’emparer des villes de Kiba au Mozambique et de Mombassa puis affirma la suprématie maritime portugaise dans l’océan indien, établit des forteresses à Cananar, Cochin, Ceylan et Sumatra et signa un traité de commerce avec le souverain de Malacca. Son fils, Lourenço d’Almeida, entreprît la conquête de Ceylan, visita les Maldives et Madagascar, mais trouva la mort dans un combat naval contre les Egyptiens en 1508. Peu après, en dépit de ses succès, Almeida se vit remplacé par Albuquerque qu’il refusa d’abord de reconnaître et retint prisonnier à Cochin. Puis, ne songeant qu’à venger la mort de son fils, il détruisit la flotte égyptienne près de Diu (le 3 février 1509). Il rentrait au Portugal lorsque au cours d’une escale en Afrique du Sud, il périt assassiné par les indigènes.
Almeida préconise la maîtrise des mers : « Mettez toutes nos forces sur mer, car si nous n’étions pas puissants sur mer, tout serait contre nous ». Il prend appui sur l’expérience des premières expéditions. Les Portugais doivent faire face à l’hostilité des commerçants musulmans de Calicutt qui ont contraint le Zamorin à revenir sur sa parole et à fermer les comptoirs octroyés aux Portugais. La politique d’Almeida vise à installer une importante flotte portugaise dans l’océan indien et à s’appuyer sur quelques places fortes qui contrôlent la route maritime des épices en direction du Proche-Orient. Pour assurer cette puissance navale dans l’océan indien, deux fois plus de navires effectuent le trajet Europe-Inde que l’inverse. D’autre part il installe des forts à Socotra et à Ormuz, à l’entrée du Golfe persique. Cette politique reçoit l’aval du roi du Portugal et des principaux commerçants de Lisbonne, mais la noblesse qui a faim de terres et de charges pour ses cadets est opposée à cette politique et intrigue pour remplacer Almeida par Albuquerque. Mais avant de partir, Almeida remporte à Diu le 3 février 1509 une victoire décisive, sur les flottes du sultan d’Egypte et du Zamorin de Calicutt, qui donne au Portugal la supériorité maritime dans l’océan indien. Il meurt en 1510 à Saldanha.
Albuquerque, second vice roi des Indes.
Né à Alhandra en 1453. Navigateur portugais, fondateur de la puissance coloniale des Portugais dans l’Inde, il s’installa à Cochin en 1503 conquit Sokotra et Ormuz et fut nommé vice-roi des Indes en 1509. Il fit des 1510 la conquête de Goa, place très importante, qui devint le centre de l’administration et du commerce portugais en Asie, puis soumit le Malabar, Ceylan, les îles de la Sonde et la presqu’île de Malacca. Son mérite essentiel fut de comprendre que les routes maritimes du Portugal devaient être appuyées par des positions maritimes très solides.
Albuquerque poursuit la politique des points d’appui pour contrôler la route des Indes, mais échoue devant Aden : la route de la Mer Rouge reste ouverte. Il lui faut donc contrôler les entrepôts d’où partent les navires chargés d’épices. La conquête de la côte occidentale du sub-continent indien est lancée et Albuquerque recherche les sources mêmes de l’approvisionnement en épices. En 1510, il s’empare de Goa qui relevait du sultan de Bijapur : celui-ci reprend sa ville après quelques mois d’occupation portugaise. En novembre 1510, la ville est définitivement aux mains des Portugais et devient le centre administratif et religieux des Indes orientales. Les royaumes hindous, dont celui de Vijayanagar qui étaient en guerre perpétuelle contre les sultanats de musulmans apprécient cette aide inespéré. En septembre 1509, Lopes de Sequeira, atteint Malacca qui est la plaque tournante du commerce maritime des épices entre l’Inde, la Chine et le Japon. Le sultan de Malacca accepte l’installation d’une factorerie portugaise, mais sous la contrainte des commerçants musulmans, il s’empare de Portugais.
En 1511, Albuquerque arrive devant la ville, bombarde un des faubourgs et le 24 août 1511 s’empare de la ville. Le sultan a pris la fuite ; la ville est méthodiquement pillée et les « Maures » pasés au fil de l’épée. La prise de Malacca est la seule action importante d’Albuquerque en Insulinde. Il poursuit sa conquête de comptoir sur la côte occidentale et orientale des Indes. La réussite est totale. Devant cette expansion en Asie, les commerçants portugais craignent que les bénéfices tirés du commerce des épices ne soient engloutis dans des dépenses nécessaires à l’entretien de cet empire. D’autre part, son action centralisatrice (tout contrôler à partir de Goa) et son intégrité attirèrent à Albuquerque, de nombreuses inimitiés parmi la noblesse.
Intransigeant sur la discipline militaire, il se montra un chef humain et équitable et acquit une telle popularité parmi les populations asiatiques qu’après sa mort les indigènes se rendaient sur son tombeau pour implorer sa protection contre les excès de ses successeurs. Victime d’intrigues, il se vit cependant en 1514 remplacé par son ennemi personnel Lopo Soarez comme vice roi et mourut peu après de chagrin, au moment ou il allait revenir en Europe.